L'Europe a longtemps été perçue comme un modèle de modernité et de génie industriel. Cependant, elle semble avancer sans réelle remise en question, tandis qu'aux États-Unis, en Chine, en Inde et ailleurs, des acteurs déterminés redessinent le paysage mondial, cherchant constamment à combler leur retard et à façonner les industries de demain. Contrairement à l’Europe, les États-Unis n’ont jamais cessé d'innover, continuellement en quête de nouveaux horizons technologiques.
Les grandes difficultés rencontrées par Volkswagen en sont un exemple frappant. Symbole de l’industrie automobile allemande, le constructeur est confronté à des décisions sans précédent. Pour la première fois en 87 ans, Volkswagen envisage de fermer des usines en Allemagne. En réponse à une baisse drastique de 64 % de son bénéfice net et de 42 % de son bénéfice opérationnel, le groupe doit réduire les salaires de 10 % et envisage de supprimer des dizaines de milliers d’emplois. Ce recul, associé à une chute de 12 % de ses ventes en Chine, incarne les difficultés croissantes d’une industrie autrefois dominante en Europe. En Chine, des entreprises comme BYD, soutenues par une intégration verticale et un fort appui de l'État, redéfinissent l'industrie de la mobilité.
La transition accélérée vers les véhicules électriques (VE) a pris de court de nombreux constructeurs européens, dont Volkswagen. Des concurrents chinois tels que BYD et Nio, bénéficiant d’un soutien étatique et d’une intégration verticale efficace, ont rapidement gagné des parts de marché, notamment en Chine, un marché clé pour Volkswagen. Cette concurrence a contribué à une baisse de 12 % des ventes de Volkswagen en Chine. En Chine, des entreprises comme BYD, soutenues par une intégration verticale et un fort appui de l’État, redéfinissent l’industrie de la mobilité.
Aux États-Unis, Tesla incarne cette nouvelle dynamique de conquête technologique. En 2010, Tesla valait 2 milliards de dollars, contre 70 milliards pour Volkswagen. Aujourd’hui, Tesla dépasse les 800 milliards, tandis que Volkswagen a chuté à environ 48 milliards d’euros. Le contraste est frappant : les géants américains comme Tesla et leurs homologues chinois repoussent les limites du secteur automobile, laissant les entreprises européennes en quête de compétitivité. Stellantis, maison mère de Peugeot, Fiat et Chrysler, a vu ses ventes au troisième trimestre plonger de 27 %, à 33 milliards d’euros. Le groupe aux 15 marques traverse une passe difficile après des années de profits record.
Dans l’aérospatial, les États-Unis ont toujours été en pointe grâce à la NASA, mais les avancées de SpaceX ont aujourd'hui creusé un écart qui paraît difficilement concevable. Les lancements réutilisables et les innovations de SpaceX, basé à Hawthorne en Californie, ont révolutionné le secteur. Les lancements à Boca Chica, au Texas, attirent l’attention mondiale, tandis qu’ArianeGroup, autrefois un symbole de la supériorité spatiale européenne, peine à rattraper ce retard technologique.
Dans le domaine des télécommunications, Starlink, le service Internet par satellite de SpaceX, développe actuellement la technologie "Direct to Cell" en partenariat avec T-Mobile. Cette innovation permettrait aux smartphones de se connecter directement aux satellites, offrant une couverture réseau même dans les zones les plus reculées. Une telle avancée pourrait remettre en question le modèle des grands opérateurs téléphoniques mondiaux comme China Mobile, Vodafone et AT&T, en offrant une alternative aux infrastructures terrestres traditionnelles. Satisfaction tout de même, l’Union européenne va déployer Iris 2, une constellation d’internet spatial souveraine, renforçant ainsi son autonomie technologique.
Aujourd'hui, la Chine rivalise, voire surpasse, les Occidentaux dans de nombreux domaines. Des entreprises comme CRRC (construction ferroviaire), Huawei (télécommunications), CNNC (énergie nucléaire), BYD (automobile), COMAC (aéronautique) et Tencent (technologie et services internet) incarnent cette montée en puissance, multipliant les innovations et s’imposant sur les marchés mondiaux. En parallèle, les États-Unis dominent le secteur technologique : NVIDIA et Apple, à elles seules, atteignent environ 6 476 milliards d'euros en capitalisation boursière. En comparaison, le cumul des indices français du SBF 120 (120 plus grandes entreprises françaises) et des indices allemands DAX, MDAX et SDAX (160 plus grandes entreprises allemandes) totalise environ 5 174 milliards d'euros. Ce contraste saisissant illustre l'ampleur de l'avance américaine en innovation, particulièrement dans les semi-conducteurs, le cloud et l'intelligence artificielle.
En plus d’une croissance en berne et d’un manque d’investissement en innovation, l’Europe doit également affronter des difficultés d’approvisionnement en énergie, aggravées par la crise en Ukraine, ainsi que la pression de la dette souveraine de plusieurs de ses pays. Pour surmonter ces défis, une simple prise de conscience ne suffira pas : il faudra un véritable électrochoc pour que l’Europe retrouve sa place dans un monde en pleine transformation.
Sources :
Le journal de l’automobile: https://journalauto.com/constructeurs/volkswagen-les-raisons-dune-crise-profonde/
Reuters : https://www.reuters.com/business/autos-transportation/volkswagen-calls-10-pay-cuts-2024-10-30/
Business Insider : https://www.businessinsider.com/volkswagen-considers-closing-factories-germany-job-salary-cuts-autos-2024-10
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