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Photo du rédacteurSteve Moradel

LA GRANDE BLEUE & LE RÊVE EUROPEEN




LA GRANDE BLEUE


Pour s’unir autour d’un grand projet maritime, portuaire, énergétique, touristique (vert et bleu) et de pêche durable avec, en fer de lance, les territoires d’outremer. Pour engager une transformation des territoires ultramarins vers plus d’autonomie et un développement économique propre.


Les enjeux de mer et d’outremer en France ?


Chroniquement plus pauvres, les départements et territoires d’outremer revendiquent une continuité territoriale notamment en termes de santé, d’infrastructures, de niveau de vie. Mais, on ne peut pas ignorer que les contextes de ces territoires ne sont pas les mêmes que ceux de la France métropolitaine. Il serait démagogique de faire des promesses, encore des promesses aux ultramarins. Il nous faut bien acter que les outremers sont différents et auront, comme c’est déjà le cas notamment en matière de fiscalité ou de subventions, des traitements différents. Pour cela, il faut passer d’une vision d’égalité à un objectif d’équité. Ces territoires ont la possibilité de développer des économies locales autonomes, en limitant les importations chères et non-écologiques.

Il est possible aussi de changer de mentalité, moins tournée vers la capitale. Il faut aussi traiter les sujets locaux avec pragmatisme et réalisme, comme celui la Montagne d’Or en Guyane. Une fois que cela est dit, passons à la construction d’un avenir réel et concret pour nos territoires ultramarins. Parce que les territoires d’outremer sont de véritables ponts entre la France et le monde, parce qu’ils sont présents dans trois océans et sur quatre continents, parce qu’ils confèrent à la France un avantage territorial mondial sans équivalent, il nous faut faire de ces territoires le fer de lance du projet la Grande Bleue. Cayenne doit devenir un territoire pivot du bassin caraïbe vaste espace géographiquement situé entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. A la confluence d’intérêts géopolitiques, Papeete et Nouméa sont des acteurs majeurs en zone indopacifique. Située à l’entrée sud du Pacifique et donnant accès aux Amériques, la Polynésie, territoire maritime aussi vaste que l’Europe, constitue un véritable atout géostratégique et un partenaire avec lequel la Chine est obligée de composer. Les Antilles peuvent devenir une Silicon Valley de l’économie verte et bleue, un laboratoire où l’on verrait naître les plus belles innovations en matière d’énergies renouvelables, de ressources halieutiques, d’activités touristiques et maritimes durables.

Les Antilles peuvent également devenir un haut lieu du tourisme maritime 207 écologique. Mayotte et la Réunion, situés géographiquement en Afrique, doivent être les fers de lance d'un nouveau partenariat et donc d'un nouveau départ entre la France et l’Afrique. Imaginez la mise en place d’un New Deal maritime gagnant/gagnant, qui serait le volet de codéveloppement économique d’un plan de paix et de stabilité dans la région, qui comporterait des accords d’exploitations de gisements et des ressources halieutiques et qui, de manière claire et transparente, permettraient aux Africains de jouir de leurs droits maritimes sur leurs ressources. Et surtout d’en négocier l’exploitation autour d'une pêche respectueuse des écosystèmes marins. Une nouvelle donne à plusieurs facettes avec comme point central, nos territoires d’outremer.


Et maintenant, on fait quoi en quelques propositions ?


Outre-Mer: accepter les différences et s'adapter


Avant de se lancer dans un grand plan, ce qui est notre ambition au long terme, une première étape de vérité : accepter les différences. Et une première action : adapter les attentes et les dispositifs en matière de continuité territoriale. Pour se fixer des objectifs réalistes, il va falloir prioriser et trier. L’accès à la santé n’est pas négociable mais l’e-santé peut être la norme. Les spécialistes seront toujours plus rares dans les DOM-TOM. Pour les écoles, idem. Les enseignements à distance, avec l’émergence d’e-universités peuvent donner l’opportunité aux étudiants ultramarins de bénéficier des meilleurs enseignements sans avoir à déménager. Le numérique sera le meilleur allié d’une continuité territoriale réaliste. Mais cela ne suffit pas. Souveraineté alimentaire en privilégiant les achats locaux, adaptation des frais de douane pour protéger les productions locales, limitation des importations. Rien de tel pour limiter la hausse des prix : produire localement. La vie dans les outremers ne sera jamais celle de la métropole, ce sont les initiatives locales pour une autosuffisance réelle qui doivent être libérées et soutenues.


Guyane et orpaillages: soyons pragmatiques


Sujet ultra épineux, clivant, radioactif politiquement. Sur les éléments de langage de nos amis les politiques, il est noté : surtout ne pas aborder. Sur le projet Montagne d’Or78 en Guyane et l’orpaillage illégale en Guyane, personne ne veut l’évoquer et se positionner. D’un côté, les écologistes sont vent debout car il faut avouer que la déforestation, la construction d’une ligne haute tension, l’usage du cyanure font effectivement peur. L’extraction effective d’or par rapport aux efforts fournis ne sont pas convaincants non plus. On y ajoute les critiques des habitants, peu consultés, qui ne s’y retrouvent pas en termes d’emplois et de répartition des richesses. Et pour couronner le tout, un projet porté par des Canadiens et un oligarque russe. Le projet Montagne d’Or n’a pas que des avantages, c’est certain. Mais l’orpaillage illégal est une plaie tant pour les personnes qui y travaillent que pour les légionnaires qui luttent contre les trafiquants chaque jour avec autant d’espoir d’en finir que les Danaïdes et leurs tonneaux. Plusieurs choix : ne rien faire, laisser le projet Montagne d’Or se monter ou le revisiter. Car il est illusoire de compter sur le Brésil pour contrôler ses frontières ou sur les drones pour détecter les sites d’orpaillage en forêt équatoriale. Nous optons pour le pragmatisme mais avec des garanties : une taille plus modeste, un système moins polluant et des entreprises exemplaires. Le tout avec une vraie concertation locale. On ne repart pas de zéro mais presque. Mais, en tous cas, on agit.


La Grande bleue


Lançons donc un grand projet qui fédère : la Grande Bleue. Un nom qui fait rêver pour un grand projet unificateur, touchant la France aux quatre coins de la planète. Un plan de long terme sur les décennies à venir, pour que la France devienne une nation maritime, un État maritime de premier plan. Un tel projet global serait-il capable de 78 Montagne d’or est, à l’origine, un projet d’exploitation minière d'une concession aurifère de l'ouest de la Guyane française porté par la Compagnie Minière « Montagne d'Or », une coentreprise de la société junior canadienne Columbus Gold,Columbus Gold, chargée de l'exploration, et de la société russe Nordgold, chargée de l’extraction. (Source wikipedia) 209 redonner aux citoyens l'envie d'être fiers de leur pays. Comme le projet chinois des Routes de la Soie, et quoiqu’on en pense sur le fond, un grand projet national fédère toutes les énergies : universitaires, entreprises, fonds d’investissement, politiques, entrepreneurs, institutionnels, élus locaux… Géographiquement, la Grande Bleue embarquerait en premier lieu les Antilles pour leur redonner espoir dans un élan local avec des emplois à la clé, un sentiment d’appartenance à la Nation et de fierté sur un chemin d’autonomie et de dignité. Projet à 50 milliards sur la table, qui peut mobiliser des fonds européens du Green Deal 79 . Et la France devient une grande puissance maritime, unie, qui embarque tous les Français des cinq continents, dans un esprit de conquête, de fierté nationale avec au cœur du projet ce qui constitue 90% de notre planète, la Mer.


Bâtir des ports du futur


Encore un grand plan dans ce programme ? Oui, voyons grand, loin. Et à l’heure des choix, nous verrons ce qui sera prioritaire mais au moins, nous aurons une proposition nationale d’ampleur pour le maritime. Nous suggérons d’accélérer la modernisation des ports et leur transition énergétique, écologique, industrielle et numérique pour faire d’eux des ports plus performants, plus compétitifs capables de rivaliser avec Shanghai, Singapour, Ningbo, Shenzhen, Hong-Kong ou encore Rotterdam. Donnons-nous dix ans pour faire du port du Havre le plus grand port d’Europe en volume de marchandises échangées et de trafic de conteneurs mais aussi la principale plate-forme de transbordement de conteneurs. Loin et grand. En parallèle, mettons en place des parcs d’activités d’excellence (logistique et industrielle) et développons l’offre foncière afin d’assurer la compétitivité des zones portuaires.


Energies maritimes, en avant toute


L'European Green Deal — en français, Pacte vert pour l'Europe — est un ensemble d'initiatives politiques proposées par la Commission européenne dans le but primordial de rendre l'Europe climatiquement neutre en 2050. 210 Les mers peuvent être une source inestimable d’énergies renouvelables : énergie des marées, énergie portuaire, énergie osmotique, Sea Water Air Conditionning (SWAC), énergie thermique des mers, énergie houlomotrice, hydrolien, éolien flottant, éolien posé. Mais, comme pour tout, il faut planifier, anticiper et investir. Et on parle d’investissements lourds, environ 2 milliards d’euros par ferme par exemple. Sortir d’une vision d’apothicaire, régie par Bercy qui dit non pour des raisons fiscales, pour des raisons réglementaires ou de ratio. Mais quand le projet est valable, rentable au long terme et participe à l’autonomie, la viabilité, la souveraineté et le rayonnement de la France, ça vaut le coup. L’objectif doit être également de faire passer à l’échelle très rapidement les projets les plus avancés et ambitieux et notamment simplifier les autorisations d’occupation temporaire (AOT) et faire en sorte que les projets passent plus rapidement du stade de la recherche et de l’expérimentation à un stade opérationnel et fonctionnel. Et il y en a déjà en cours comme à Fos sur mer pour l’éolien flottant ou à Bordeaux pour l’hydrolien, à La Réunion pour la houle. Alors, investissons massivement dans les énergies marines renouvelables, tout en construisant une filière industrielle des énergies marines renouvelables, vertes et décarbonées en mettant en place un partenariat interindustriel.


Pêche durable, mer propre


Savez-vous que nous consommons en Europe beaucoup plus de poissons que nous en pêchons ? Savez-vous que dans les eaux européennes, les Européens pêchent au-delà de la capacité de reproduction des poissons à partir du 6 juillet chaque année ? En clair, nous mangeons trop de poisson. Et, de plus, les règles visant à lutter contre la surpêche et à rendre la pêche dans les eaux européennes plus durables sont plus contraignantes que celles des pays d’où nous importons. Le pays qui nous vend le plus de poisson est la Norvège en 2020, suivi de la Chine, deux pays qui pratiquent la surpêche, l’un à nos frontières (notamment de maquereaux par la Norvège). Ces règles 211 écologiques vertueuses amènent l’Europe à compenser les pertes des pêcheurs via une Politique Commune de Pêche, similaire à la PAC. Comment rendre ce système plus sensé ? Premièrement, les importations de poissons doivent être soumises aux mêmes règles environnementales que la pêche européenne, sur le principe et en pratique avec des contrôles indépendants. Ensuite, une réduction de notre consommation s’impose. Alors, forcément, le prix du poisson va monter mais il faut bien savoir ce que l’on veut : se faire plaisir au détriment de la biodiversité ou bien se faire plaisir modérément et en responsabilité. Quant à la pollution des mers, si nous ne pouvons pas tout contrôler, les mers européennes doivent être intraitables sur les acteurs de pollution avec une surveillance par satellite des comportements délictueux et des amendes record pour les pollueurs. En même, temps, un soutien financier européen s’impose aux grands programmes de collecte des déchets plastique en mer, notamment avec des techniques de larges filets flottants. Les innovations sont légion, aidons-les à sauver nos mers.



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2. Le Rêve Européen: Souverainté numérique, industrielle et sanitaire.


Pour construire une Europe forte, intégrée, unie autour de grands champions industriels, sanitaires, numériques. Avec une position diplomatique claire, cohérente et puissante, lui permettant de jouer un rôle à la hauteur de sa force sur l’échiquier mondial. Pour un budget, une dette et des taxes en commun. Pour un format de décision renouvelé.



Stéphanie Rivoal. Programme présidentiel 2022 du Mouvement Politique AGISSONS.

Co-Auteur Steve Moradel

(Fichier en pièce jointe)






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