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Les limites du "techno-solutionnisme"



Il est incontestable que la technologie au service de l'inventivité humaine a apporté des bénéfices incommensurables dans nos vies et ouvert la voie à un avenir meilleur dans de nombreuses régions du monde. Mais l'omniprésence de la technologie et ses impacts sur la vie de milliards d'individus, la connexion de toute chose partout et à tout instant supposent désormais quelques questions cruciales: Quelle place pour l'homme dans un monde dominé par la technologie, quelles orientations du progrès voulons-nous, avec quels buts et quels moyens? Dans son ouvrage Pour tout résoudre cliquez ici paru en 2014 Morozov nous propose une définition très claire de ce qu'est le solutionnisme technologique. Pour lui le développement des nouvelles technologies s’est accompagné de celui de « deux idéologies ». La première "le solutionnisme" érigé en totem par les chantres de la Silicon Valley pour qui tous les aspects de notre vie peuvent être améliorés et la plupart des problèmes résolus grâce et par la technologie. La seconde "le webcentrisme" - nouveau fantasme qui anime la nouvelle économie obèse de transformation numérique - a fait du numérique le centre de gravité du monde. La numérisation à marche forcée constatée depuis des années n'est pas sans conséquence. On ne compte plus les dérives : désinformations grandissantes, fuites et exploitations illégales des données d'utilisateurs, hameçonnage publicitaire, usurpation d’identité... Si Jadis les plateformes étaient considérées comme le nouveau lieu des utopies contemporaines elles ont fil du temps favorisé l'émergence d'un individualisme vorace et d'un égocentrisme décomplexé loin de l’esprit des pionniers de l’internet né de la contre-culture libertaire des années 1970 (1).


Loin des querelles intestines et de la dualité irréconciliable entre technophiles et technophobes - dont les oppositions sont sans doute trop binaires et schématiques pour être justes - j'observe depuis des années la façon dont les nouvelles technologies façonnent chaque jour un peu plus nos vies et préemptent le long terme.

Aujourd'hui, tout semble aller vite, trop vite, sans que cela n’effraie outre mesure nos dirigeants politiques sans qu’une réflexion réelle soit portée sur l’impact social, environnemental et les conséquences sur le plan éthique. L'innovation technologique s'est au fil du temps substituée à la notion de progrès pire elle apparaît chaque jour un peu plus comme sa seule manifestation. Cette réalité doit nous éclairer sur l'ampleur de la tâche et stimuler notre intelligence trop souvent résignée. A travers cet article je vais donc tenter de répondre à une question que beaucoup se posent : Et si la technologie provoquait plus de problèmes qu'elle ne promet en résoudre?